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Ahriman - Gwenn Aël

Dernière mise à jour : 26 oct. 2021


Je reste un peu perplexe à l’heure de faire mon retour de lecture sur cet Ahriman qui nous mène, dans le cadre d’une traque policière, sur les sombres chemins d’une lutte mettant aux prises les forces du Mal et celles du Bien, entre puissances occultes, catastrophes climatiques, meurtres rituels et ésotérisme. Perplexe car pas complètement conquis mais pas complètement déçu non plus !


Attention, je soulignerai en préambule que je ne trahirai dans les lignes qui vont suivre aucun indice de nature à dévoiler des éléments clefs de l’intrigue au demeurant bien tordue, comme il se doit !


Si un qualificatif domine en effet à la fin de ma lecture, c’est bien celui « d’irrégulier ». Tout de suite après un prologue très efficace, qui a su conquérir mes faveurs au cours de la sélection préliminaire, j’ai ainsi subi le désagrément de quelques chapitres mal écrits, au style pauvre et à la conjugaison incertaine, avant d’être une nouvelle fois happé par une intrigue prenante, immersive et nécessairement mieux travaillée. Suffisamment en tous cas pour me permettre de faire abstraction des invraisemblances (l’infirmière en hôpital psychiatrique qui embrasse son patient pour l’apaiser), incohérences et autres anachronismes (référence à l’usage de l’éther médical au XVème siècle alors que celui-ci n’a été introduit qu’en 1842)… Jusqu’à une résolution finale à l’avant-porte du "too much" suffisamment mal traitée à nouveau pour que le lecteur que je suis n’y adhère que trop mollement. Si j’ajoute à cela des ficelles parfois à l’épaisseur de cordages de bateaux qui m’ont fait « tilter » bien trop tôt sur les personnages à l’origine du désordre (désordre étant un mot bien faible en l’occurrence), on peut en déduire très vite que mon expérience de lecture n’a pas été agréable.


Et pourtant, globalement, malgré ces montagnes russes (l’intrigue se déroule pourtant à Toulouse) cela n’a pas été vraiment le cas. Suis-je moi aussi l’objet de sorcellerie ?


Si l’auteure excelle, c’est bien dans son art consommé du rythme d’un thriller. Malgré la somme de mes réserves (que je reconnais conséquente), je n’ai pas pu lâcher Ahriman jusqu’à son terme, impatient d’aller chaque fois un peu plus loin pour obtenir indices, soulagements ou confirmations. Gwenn Aël a bâti son livre sur le modèle des page turners, utilisant sans vergogne, au travers de chapitres parfois très courts et nerveux, les ressorts du genre avec une efficacité certaine, même si les « trucs » de la magicienne ont pu parfois me paraitre un peu trop gros.


Cela marche pourtant vraiment et c’est tout à son avantage. Bravo !


Le rythme faisant partie des éléments les plus durs à travailler dans un texte de ce type j’en déduis que l’auteure possède ici la maîtrise d’un élément essentiel, pas forcément le plus simple d’accès ou à la portée de n’importe qui.


Si ce talent de Gwenn Aël me parait donc assez indiscutable, c’est alors peut-être du côté de la qualité de la réécriture et des retours des bêta-lectures qu’il faut chercher pour expliquer cette succession de petits défauts venus gâcher l’impression générale. Car il y a quelque chose de frustrant dans ce presque-parfait ou en tous cas, ce « pas assez bon ». Vraiment frustrant !


Pour écrire moi-même et savoir « de l’intérieur » combien l’exercice est difficile (d’autant plus après avoir été candidat du PAI la saison dernière !), je ne pourrais pas enfin conclure sans rajouter que cette impression m’est toute personnelle et donc subjective. Et qu’en ce sens, elle est loin d’avoir l’ambition d’exprimer un avis définitif ou suprême sur le roman.


Les qualités que je perçois dans la plume de l’auteure me laisse au contraire dire qu’elle n’est peut-être finalement pas très loin du but. Il ne lui reste selon moi qu’à gagner en endurance pour que sa redoutable efficacité puisse contaminer à la manière d’un maléfice l’intégralité de ses textes !

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