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La mémoire dans le sang - Marie Compagne



Une vague de meurtres très ritualisés laisse à penser qu’un vampire sévit en Belgique et dans le Nord de la France. En charge de l’enquête, le capitaine Sybille Lievič, va devoir, pour stopper le carnage, se confronter à un univers occulte, où domine un mystérieux meurtrier répondant au surnom de Livia.


J’avais plutôt été charmé, à une petite exception près, par l’extrait de ce roman au cours de la sélection. Intrigue originale, qui suscite l’intérêt, style efficace, il y avait de quoi s’embarquer dans une lecture plaisante et addictive avec cette Mémoire dans le sang.


Globalement, j’ai été plutôt conquis par ce récit. Je n’aime pas trop faire de critiques comparatives, surtout à ce moment du Prix, mais l’idée qui domine au moment de refermer le roman est bien celle de l’équilibre. Oui, ce thriller est celui qui a offert pour l’instant le plus d’équilibre à ma lecture au travers de personnages caractérisés comme il le faut, d’une tension constante et au-delà, d’un bel usage de la langue. Marie Compagne en effet écrit bien, très bien même, et cela dénote un peu dans l’univers du thriller où beaucoup se contentent de miser sur l’intrigue ou le rythme.


ATTENTION : La suite de cette chronique, pour la première fois dans le cadre de ce Prix des Auteurs Inconnus 2020, va être amenée à trahir une partie de l’histoire. Elle est donc réservée en priorité à ceux qui ont déjà lu le roman ou n’aspirent pas à le faire. Merci de votre compréhension.


Reste donc pour autant quelques bémols qui ne m’ont pas franchement dérangé dans de grandes largeurs, tant justement l’équilibre global du roman permet de tenir l’intérêt de l’ensemble.


Au chapitre de l’anecdote, je relèverai un premier point qui m’avait donc agacé lors de la présélection (la fameuse exception) : celle du choix des noms des personnages. Ok, je veux bien du plus glamour que du François Pignon pour des personnages de thriller, mais franchement entre les Sybille Lievič, les Vlad Epstein et j’en passe, c’est à se demander si on peut encore travailler dans la Police avec un nom et un prénom franchouillard ! Je chipote, je le sais, mais ce détail (qui n’en est vraiment qu’un) m’a fait tiquer et je me devais de le signaler car il confine au cliché ou la caricature.


Détail plus préjudiciable, la révélation ou du moins la concordance d’indices venant dénoncer le coupable arrive vite, très vite. C’est un choix qui se respecte, et ma foi, je ne le condamne pas même si évidemment l’intérêt d’une lecture de polar reste très souvent de découvrir l’être machiavélique à l’origine d’une série de meurtres horribles. L’auteure arrive assez facilement à sortir de cet écueil au travers d’une série de flashback venant éclairer l’histoire très particulière du meurtrier, et en l’occurrence, de la meurtrière. Mais le problème ne vient pas de là pour moi.


Si la psychologie d’Elvire, la coupable de cette série de meurtres est finement creusée jusqu’au passage à l’acte, il m’a manqué un « petit quelque chose » pour me faire croire totalement à ce point de bascule où la souffrance d’une enfance volée par la maladie se transforme en folie meurtrière. Et quand je dis folie, c’est bien un faible mot. Celle qui se cache derrière l’image fantasmatique du vampire pour semer la mort a bien sombré dans une psychopathie totale, enfermée dans le deuil d’une vie comme les autres et plus encore, dans le deuil d’un amour. Cette rupture qui fait passer d’une normalité (très relative) au statut de meurtrière en série m’a paru encore un peu trop abrupte pour être totalement convaincante.


Pour autant, encore une fois, dès lors que cette rupture est actée dans le récit, on réussit à s’en accommoder pour tendre vers la résolution de l’enquête. Cependant, autant toutes les étapes de cette dernière sont travaillées avec une certaine finesse, autant la conclusion et l'épilogue m’ont paru un peu moins chiadés et en ressortent un peu plus brouillons. Ils auraient tous deux mérité pour moi un développement un petit peu plus long pour rester dans la cohérence de l’ensemble, un ensemble encore une fois très bien tenu jusque-là par Marie Compagne.


De vrais défauts donc selon moi pour ce roman, mais des points qui ne parviennent pas pourtant à altérer l’impression globale d’un texte original, avec des choix parfois hasardeux mais qui démontrent un vrai point de vue artistique et donc plus encore la confrontation avec une très belle écriture pour le genre si particulier du thriller.


Tout le monde n’a pas cette chance et Marie Compagne doit bien s’en persuader. Elle possède bien cette qualité incontestable sur laquelle elle doit continuer à s’appuyer pour proposer des œuvres toujours plus abouties.



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