C’est l’histoire d’une crise d’adolescence, d’un couple à la dérive, de l’échec peut-être d’une adoption.
Ecrit comme on filme un road-movie, ces Garçons russes… nous amènent nous perdre dans une Russie belle et violente, accueillante et hostile, dans le cadre d’une croisière : celle de la dernière chance. Autant le dire tout de suite, la plume de Valérie Van Oost est forte. Elle touche parfois à la belle, à la grande littérature. Le vocabulaire est riche, précis. Le rythme lent et langoureux nous rapproche du fil sinueux de la Volga, que le bateau traverse sans se hâter, laissant à chaque protagoniste le temps de faire le point sur ce qu’il est, ce qu’il vit, ce qu’il a raté.
Il y a quelque chose de très contemplatif dans cette façon de sonder ces âmes perdues, Sacha cet ado qui connait tant de mal à habiter sa vie et à trouver sa place, Juliette, mère désespérée jamais aussi proche de sombrer, Antoine, ce mari et ce père qui ne sait pas fuir mais ne sait plus aimer… et puis tous les autres, ces hommes et ces femmes de l’ex-Grande Russie qui n’ont pu en récolter que les décombres.
Ce roman fonctionne comme un long entonnoir qui ne peut réduire qu’au malheur. C’est d’ailleurs pour moi l’un de ses principaux défauts. Il m’a parfois manqué cette pointe de légèreté, ces sublimes espoirs qui jalonnent les situations les plus sombres, à l’image de nos vies, ni jamais trop blanches, ni jamais complètement noires. De l’espoir, il y en a finalement très peu dans ces Garçons russes… et l’émotion que l’on en retire, puissante, devient vite glaçante, aussi frappée qu’une vodka. Elle fait tourner la tête, délivrée en flot continue dans le cadre d’un récit linéaire, laissant peu de place aux rebondissements, et m’a parfois rendu agaçant ce trio central incapable de résilience et qui se laisse couler presque en silence dans les eaux froides du grand fleuve russe.
Un long voyage vers l’intime donc, non dénué parfois de petites longueurs, changements de focale et de points de vue moins opportuns, au même titre que ces extraits musicaux qui ne parlent pas toujours au lecteur.
Mais un périple humain et sensible qui laisse des traces durables bien après que l’on ait tourné la dernière page !
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