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La première lettre de refus…


Non, il ne s’agit pas de la suite d’un recueil de Philippe Delerm, mais bel et bien d'une épreuve incontournable pour tout écrivain qui se respecte. Peu d’auteurs peuvent en effet s’enorgueillir de ne jamais avoir essuyé de refus. C’est presque un rite de passage, qui fait grandir.


Alors autant ne pas se le cacher : la lettre de refus, surtout la toute première, fait mal. Mal, parce qu’elle vient briser une dynamique, celle de l’enthousiasme de boucler son roman et de l’adresser aux éditeurs, rempli d’espoirs. Oui, cette rupture de dynamique peut-être violente lorsqu’on l’éprouve pour la première fois. Surtout lorsqu’on la reçoit dès le lendemain de son envoi ou pire (cela m’est déjà arrivé) quelques heures après seulement !


La violence du « NON » est alors associée à la sale impression de ne jamais avoir eu sa chance et au sentiment que quelque chose de trop gros, trop grand se refuse à nous. Que nous n’y avons pas notre place.


Plus que le refus, c’est bien le fait de ne pas être « vraiment » lu qui bouscule. Mais il serait peut-être naïf de croire qu’à l’heure où tant de manuscrits atterrissent sur les bureaux des éditions, le vôtre puisse nourrir de solides chances d’être lu dans son intégralité et de convaincre aussi facilement. Les éditeurs, en effet, faute de temps et de paires d’yeux pour réaliser le travail, font pour la plupart le pari qu’un bon texte (de leur point de vue) se devine déjà dans la quatrième de couverture, le premier chapitre, les dix premières pages… rarement plus loin, et même souvent plus tôt ! Le monde est ainsi fait, c'est comme ça.


Le plus souvent, c’est un mail ou un courrier laconique et impersonnel qui vient nous cueillir. Parfois, c’est un vrai message, motivé et écrit à notre intention. Là, c’est en soi une meilleure nouvelle dans le sens où l’échec (relatif) s’accompagne de billes pour comprendre ce qui peut être amélioré. Dans les deux cas en attendant, il faut se poser les bonnes questions.


Ce qu’il ne faut pas faire :


Se dire un truc du genre « ces enfoirés d’éditeurs sont des idiots qui ne comprennent rien à mon génie. Monde de merde, je suis un auteur maudit ! »


Déjà cela ne mène à pas grand-chose si ce n’est à rien du tout. Et puis cette réaction vous éloignerait de votre objectif essentiel : proposer le meilleur texte possible. Cela vous empêche en outre de vous poser les bonnes questions :


Les (bonnes) questions qu’il faut en effet se poser :


- Me suis-je adressé à la bonne maison ?


Porté par son ambition et son enthousiasme, il arrive que l’on ait tendance à arroser sévère et à adresser son texte à tout ce qui ressemble de près ou de loin à une maison d’édition. Les grosses, les moyennes, les petites, tout le monde y passe. Or évidemment, que ce soit par le statut de l’écrivain (connu ou inconnu, débutant ou confirmé…), que ce soit par le style, que ce soit par le genre littéraire, toutes les maisons n’attendent pas la même chose.

Si vous écrivez de la SF et que vous adressez votre texte à une maison spécialisée dans la romance, il ne faut pas s’étonner de récolter un refus. Il convient de sélectionner en amont ses cibles sous peine de subir à chaque fois la même déconvenue. Du reste, le mieux est encore de lire les ouvrages de ces maisons ciblées et de voir celles qui développent des histoires qui se rapprochent de la vôtre, dans le sujet, le ton et la forme. Cette sélection diminue certes le nombre d’envois, mais plus encore, celui des échecs.


- Mon travail est-il suffisamment soigné ?


Il est vrai qu’une première page remplie de fautes tue la moindre chance d’être sélectionné par un éditeur. De même si rien ne démarre à la lecture du premier chapitre, si l’on ne sait pas qui est le personnage principal, ni quels sont les enjeux. Si on a l’impression que les pages vont toutes défiler sans avoir à se mettre sous la dent un élément déclencheur, une action, un conflit…


- Mon style est-il suffisamment unique pour intéresser telle ou telle maison ?


C’est la question pour laquelle l’honnêteté est la plus importante. Il faut en effet faire preuve de lucidité quand on se compare avec les auteurs de certaines maisons. Ce n’est pas donné à tout le monde d’écrire comme les « stars » de la discipline, cela se saurait ! Des tas d’auteurs me donnent de sérieux complexes, c’est encore une fois comme ça et tant mieux pour mon plaisir de lecteur ! Il est encore peut-être présomptueux de taper à certaines portes ?


Les solutions restent alors multiples :


1. Patienter (certaines réponses arrivent trois, six mois ou même plus d’un an après !)

2. Attendre éventuellement que certains avis se recoupent et viennent mettre en avant des défauts qui provoquent l'unanimité.

3. Retravailler alors son texte sur les points essentiels et peut-être fragiles : l’intérêt de l’histoire, le style, le respect d’une structure solide, l’exposition d’enjeux clairs, le développement de personnage « aimables »…

4. Opter pour de plus petites maisons (il en existe tout un tas, et parmi elle, certaines sont vraiment très chouettes) et accepter l’idée de gravir éventuellement une marche après l’autre.

5. Opter enfin pour l’autoédition qui aura le mérite de faire de vous le seul décisionnaire et offrir enfin une forme physique et une véritable existence à votre roman.

6. Ou alors retravailler en profondeur le texte dans le cadre d'une autre réécriture, et le laisser se faire oublier avant de le représenter plus tard avec d'autres atouts !


Le chemin de l’édition est long et tortueux. Mais c’est un beau chemin. Cela en vaut la peine. Et ce n’est pas un ou plusieurs refus qui vont vous sortir du cap que vous vous êtes fixé.


Alors, on s’accroche, hein ?!


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