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Némésis - Xavier Massé

Dernière mise à jour : 26 oct. 2021


Au moment de la présélection, ce Némésis de Xavier Massé m’avait bien fait de l’œil. Les responsables de cette attirance : une couverture extrêmement bien réalisée et très « pro », ainsi qu’un extrait de dix pages accrocheur et efficace.


Inconsciemment, j’avais laissé entrer en moi une conviction : ce roman allait rallier mes suffrages. Oui, je m’imaginais alors facilement faire de ce Némésis le lauréat de la catégorie noire du Prix des Auteurs Inconnus !


J’arrête donc immédiatement de jouer au Loto !


Je ne sais pas si j’ai perdu mon intuition ou mon flair, mais alors que je viens à peine de terminer le livre, je reviens immédiatement sur toutes mes projections idéales et dois déplorer avec force que la rencontre ne s’est finalement pas faite. Et pas de peu, hélas !


Némésis raconte l’enquête d’un jeune policier dépêché par son ami d’enfance dans son village natal pour y mener une enquête sur une série de meurtres sordides dont les victimes sont des nourrissons. Sa progression vers la vérité s’accompagne d’une véritable descente en enfer.


Vu comme cela, on se dit qu’on va avoir droit à une intrigue efficace, dans la lignée d’un prologue tendu à souhait et qu’on va passer un bon moment de dark lecture, sauf qu’il manque quelques ingrédients à la recette pour la rendre savoureuse, et pas qu’un peu. D’autant plus que ce qui m’a manqué, c’est « juste » l’essentiel !


Où est passé le style ?


On a tous connu dans de nombreux domaines de la vie des projections superbes se transformer en plans foireux dès lors que l’on passe en mode réel. Le « foirage » essentiel dans Némésis vient du style de l’auteur. Ici, c’est simple : il est absent, et dans les grandes largeurs ! Une belle plume plante pourtant un décor sensoriel (voir, sentir, entendre, toucher, goûter rien qu’à partir de mots) tellement fort qu’on en lâche prise, qu’on abandonne l’ensemble de ses repères, et qu’on plonge littéralement dans le livre au risque d’y perdre pied. C’est à ce titre que les émotions peuvent être décuplées dans la lecture d’un bon roman. Lorsque le talent d’écriture est tel qu’il fait naître une beauté immersive au service de l’histoire. J’accorde beaucoup de place au style dans mes propres récits. Parfois même un peu trop, je le sais. C’est dire combien ce domaine m’est important.


Némésis, hélas, reste pour moi un texte froid, à plat, superficiel, sans aucune tentative manifeste de le magnifier par le biais de techniques de narration ou des figures de style qui sont la marque des grands ou même des bons auteurs. Un assemblage de phrases sans rythme et sans musicalité, parfois très naïves, spontanées, servi par un vocabulaire pauvre et une conjugaison fragile où domine l’imparfait. Cela reste très souvent descriptif et vient souligner en ligne directe les actes ou les pensées des personnages. Et ça s’arrête là. C’est évidemment beaucoup trop peu pour en faire un bon livre !


Je sais que beaucoup de mes camarades du jury ont été désorientés par les meurtres bien trash des malheureuses victimes de Némésis. L’absence de style a été telle pour moi qu’elle en a même carrément désaffecté la description de leur mise à mort, pourtant bien inventive en termes de perversité. Si l’on rajoute à cela une intrigue parfois alambiquée et des situations un peu « too much » - auxquelles on ne croit pas vraiment parce que justement mal amenées - ainsi qu’une résolution finale tirée par les cheveux et jetée d’un bloc, avec une grande maladresse, par le biais de deux ou trois dialogues très (beaucoup trop) longs et informatifs, qui du coup perdent beaucoup en crédibilité, vous aurez un livre qu’on n’est pas forcément malheureux de terminer.


A ce stade et parce que j’écris donc moi-même, je tiens absolument à rappeler que ces lignes ne sont que le reflet de ma propre expérience de lecture et de ma propre subjectivité. Elles n’ont donc pas la prétention d’incarner une sentence universelle. J’assume pourtant ma grande exigence en me disant que c’est un prix qui doit s’appuyer sur des éléments discriminants pour déterminer un lauréat parmi cinq finalistes. Que Xavier Massé - qui m’a tout l’air d’être une belle personne à la lecture de ses remerciements - se rassure : d’autres chroniques, je le sais, seront beaucoup plus avantageuses pour lui. La littérature appartient à un ensemble gigantesque de lecteurs. Et c’est très bien ainsi.


Mais il est clair maintenant que je n’en ferai pas le champion de cette édition malgré une toute première impression bien flatteuse !






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